samedi 23 mars 2013

Un mois au cinéma

Dernier film de 2012 vu au cinéma : L'Homme qui rit, réalisé par Améris, d'après le livre de Victor Hugo.
Je recommande ce film qui m'a beaucoup plu, une histoire sublimée par un excellent et magnifique Gérard Depardieu, qui malgré son rôle "secondaire" (Ursus) par rapport à Gwenplaine, régale par sa présence et sa formidable diction et expression. Décidémment, interpréter des personnages d'Hugo lui sied à merveille (je m'étais régalé l'an dernier quand NRJ12 avait rediffusé les Misérables avec Depardieu dans le rôle de Jean Valjean et Clavier dans un Ténardier qui lui va si bien). Seigner, qui elle aussi a un rôle un peu moins principal dans le film, est particulièrement tentante et désirable dans son corsage. Falope.
Une bien belle manière pour moi de clotûrer 2012 dans son ultime crépuscule et ses derniers sons de cloches dans les ruelles du village, par là où elle avait commencé dans mon imaginaire en cet anniversaire symbolique des Misérables, avec la diffusion sur NRJ12, pendant les fêtes un an auparavant, mais aussi une année dont on ne pourra oublier les frissons de ces pages d'Hugo lues par J-L Mélenchon dans ses discours de campagne (dans un silence de cathédrale, oseront les plus malicieux), et ce bon petit Homme qui rit avec un Gérard Depardieu, mais aussi l'acteur jouant Gwenplaine, nous faisant apprécier la belle langue et la vivacité de la plume d'un Victor Hugo ne revenant pas à la mode - à mon avis - uniquement par souci de commémoration...

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Vu Lincoln, le dernier film de Steven Spielberg.
Un très bon film, qui se déroule de fort belle manière, des décors travaillés, un Daniel Day-Lewis dans une énorme dimension.
De plus, ce film permet de se pencher sur l'histoire des Etats-Unis d'Amérique qui, malgré le matraquage ambiant, est finalement assez méconnue des Français, notamment la période traitée dans le film : la guerre de sécession et l'abolition de l'esclavage, l'inversion sur l'échiquier politique par rapport à aujourd'hui entre démocrates et républicains.
On retrouve le style Spielberg avec une BO très présente jouant sur l'émotionnel mais en gardant beaucoup de distance et de hauteur, sans jamais tomber dans l'idéalisme béat comme le font trop souvent les productions américaines.
Je pense que Day-Lewis décrochera quelques récompenses pour son jeu d'acteur.
Concernant le thème, ça se complète parfaitement avec Django Unchained.

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Encore un super film vu en ce début d'année 2013 : Wadjda. Une belle trouvaille qui devrait être nominée dans beaucoup de prix à mon avis. L'histoire met en scène une jeune fille dont le rêve est de s'offrir un vélo. Jusque là rien de spécial sauf que la jeune fille en question est Saoudienne et que ce simple rêve de tout enfant n'est pas accessible aux filles. Ce fil rouge conduit une histoire riche, avec des relations entre personnages, des sentiments, la détermination de la jeune fille à financer son projet, à s'inscrire à un concours pour emporter 1000 rials, à apprendre à faire du vélo en secret avec celui de son voisin... Cette jeune actrice est déjà une révélation : solaire, profonde, à l'humour communicatif : très prometteuse. La réalisatrice a commis un véritable exploit cinématographique dans un pays où il n'existe aucune salle de cinéma et pour un premier film, déjà au niveau des meilleurs. La mère est formidablement interprétée et on pénètre dans un stade supérieur de la psychologie d'un personnage féminin dans ce contexte wahhabite, bien loin du cliché de certains types de cinémas qui veulent apitoyer et restent donc extérieurs aux personnages.
Du grand art, de l'innocence enfantine dans une société serrée, la découverte d'un pays se montrant arriéré face aux aspirations de sa jeunesse, dernière source d'espoir symbolisé à mon avis par un plan final d'anthologie.

mardi 12 février 2013

Congrès du PCF : débat sur les coopératives du Front de gauche

Camarades,
Concernant la question des coopératives du Front de gauche, je crois qu’il faut remettre les choses dans leur contexte. Pendant la campagne présidentielle, nous avons pu voir que nous avons soulevé un réel intérêt et une dynamique dans notre peuple. Nos meetings étaient plein à craquer et, à la Bastille, au Prado, mais surtout au Capitole à Toulouse, nous avons pu remarquer que le Front de gauche attirait des gens de tous horizons, toutes couches sociales, de tous âges, d’origines diverses. C’est vraiment à l’image de notre pays, un vrai front du peuple. Forcément, il y a des gens qui ne souhaitent pas entrer dans un parti. Si on additionne le PCF et les partis du Front de gauche, on doit arriver à 150000 personnes maximum. Pourtant, nous avons fait près de 4 millions de voix, et nous espérons être un jour majoritaires en France. Cela signifie que de nombreuses personnes souhaitent participer, contribuer et se mobiliser sous la bannière du Front de gauche ; nous l’avons observé pendant les grands rassemblements durant la campagne. Nous devons aller au-delà d’un cartel d’organisations, et permettre d’associer les citoyens, les syndicalistes, ainsi que les intellectuels qui voudront nous aider dans leur domaine, à construire un projet populaire.
Dans ces temps de crise, où les gens souffrent, où certains dorment dans leur voiture, d’autres se privent en faisant des choix - entre acheter de la viande ou de l’essence, entre les médicaments et les vêtements - où la souffrance de notre peuple grandit, nous avons su lever un immense espoir dans notre pays, chez les salariés en lutte et dans les couches populaires et intermédiaires, en général. Même si certains ont parfois voté PS au final, nous avons suscité un réel désir de changement, un enthousiasme et un frémissement dans la société.
Nous avons une responsabilité non seulement vis-à-vis de notre Parti, mais vis-à-vis du peuple avant tout. Nous devons être à la hauteur des attentes que nous avons suscitées, ainsi qu’à la hauteur des événements avec cette dure période de crise partout en Europe. Les gens attendent beaucoup de nos travaux, ne regardons pas uniquement les éventuels risques pour notre Parti, de toute façon, il ne s’agit pas d’adhésions directes. Nous ne pouvons pas dire au peuple d’attendre 2017.
Soyons novateurs et donnons nous les moyens de construire une grande mise en mouvement dans la société de tous ces jeunes, tous ces salariés, toutes ces personnes qui ont participé d’une manière ou d’une autre à notre campagne en 2012 et qui souhaitent continuer à s’impliquer avec nous pour se mobiliser et, au-delà, construire un vrai projet transformateur. Ne laissons pas retomber ce qui a germé au Printemps dernier, prenons la dimension des nouvelles responsabilités que nous a confiées le peuple. Ses aspirations au changement ont été freinées, ouvrons un carrefour où, ensemble, elles ne pourront pas s'éteindre.

jeudi 20 septembre 2012

Parrainez un prisonnier politique palestinien


Salah Hamouri, jeune franco-palestinien qui a passé plus de six ans enfermé dans les geôles israéliennes, alors qu'il a toujours clamé son innocence, s'est engagé depuis sa sortie de prison à mener une grande campagne de parrainage pour les prisonniers politiques palestiniens. En effet, lorsqu'il était détenu, les nombreuses lettres et témoignages de soutien qu'il reçut (le journal l'Humanité mena une campagne pour la libération de Salah Hamouri) l'ont aidé à tenir, et à rester convaincu que les prisonniers n'étaient pas seuls dans leur cellule, mais qu'à l'extérieur aussi, des gens se mobilisaient.
Ce geste de solidarité simple permet à des hommes et à des femmes enfermés dans des cachots pour raisons politiques, de ne pas perdre espoir, de se sentir soutenus, et, aussi, de montrer à l'occupant qu'il ne peut pas agir en toute impunité, car des citoyens s'informent et se mobilisent pour la liberté de conscience et la paix.

http://france-palestine.org/Parrainer-un-e-prisonnier-e

Refusons le traité d'austérité (TSCG), exigeons un référendum !


http://www.stopausterite.org/

Fête de l'Humanité

J’ai découvert la Fête de l’Humanité en 2007. La première de l’ère Sarkozy, qui annonçait à la fois un temps très long et morose pour la France, mais aussi la nécessité impérieuse de se mobiliser et d’amplifier les luttes sociales. L’affiche musicale était vraiment hors normes cette année-là (entre autres : Renaud, Iggy Pop, Grand Corps Malade, Olivia Ruiz, Johnny Clegg…), et je me suis tout de suite senti à mon aise dans ce lieu, décidément taillé sur mesure pour tout militant de gauche !
Cette Fête a consolidé l’affection particulière que je porte au journal l’Humanité, compagnon quotidien des luttes, longue-vue d’un monde plus solidaire et humain en devenir (ou à préserver). L’Huma permet à des milliers de gens d’avoir accès aux plus grands spectacles artistiques et culturels, des chanteurs mais aussi des scientifiques, intellectuels, écrivains, acteurs, comédiens, qu’on peut voir à l’œuvre, ou écouter lors de débats. Il s’agit d’une véritable ville autonome, d’une humanité dans l’Humanité, pourrait-on dire, tant le village du monde offre une étendue de l’internationalisme et des ferments d’un monde meilleur possible.
Cette année, ma fiancée y viendra pour la première fois. Mais j’espère aussi vraiment qu’avec la Fête, le Front de gauche saura rassembler largement ses électeurs et les millions de jeunes et de moins jeunes qui se sont enthousiasmés et mobilisés durant les campagnes électorales du printemps dernier. Pour se rassembler à long terme et construire un vrai mouvement large et populaire, où la diversité renforce la solidarité et l’unité. J’attends aussi beaucoup de la programmation théâtrale particulièrement alléchante, des débats, de bons repas des terroirs et des saveurs du monde, histoire d’être en forme (ou pas) pour le 10 kilomètres du dimanche !

vendredi 13 avril 2012

Lettre à Michel Onfray

Cher Michel,

Cela fait plusieurs années que j’ai plaisir à te lire et à apprécier tes prises de position politiques dans la presse, notamment dans L’Humanité, lorsque tu avais déclaré en 2009 soutenir le Front de gauche aux élections européennes, lorsque celui-ci venait d’être constitué. Enfin, la gauche était rassemblée, et ton soutien à cette union était un très bon indicateur pour nous, confirmant que nous étions dans une démarche juste et dans la bonne direction pour faire évoluer les pratiques de la « gauche de gauche ». Il y a un an, tu affirmais sur les plateaux soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

Je découvre aujourd’hui ta tribune où tu expliques que tu as changé d’avis. C’est ton droit, le choix de voter blanc est respectable. Cependant, j’avoue ne pas comprendre la nature des arguments que tu avances. La plupart de ceux-ci sont faux et reprennent des idées reçues et des caricatures colportées par des éditorialistes qu’effraie le retour d’une gauche combative dans notre pays.

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon défendrait « l’invasion et l’occupation du Tibet par la Chine ». Tu fais là probablement référence à la prise de position à contre courant de Jean-Luc Mélenchon lors du triste épisode du passage de la flamme olympique en France, avant les Jeux Olympiques chinois. Monsieur Mélenchon nuançait l’hystérie collective autour du Roi des moines tibétain et rappelait que la République française avait reconnu la Chine populaire dans ses frontières sous le mandat du Général de Gaulle, et en profitait pour mettre en lumière ce qu’était la condition des Tibétains avant la révolution de 1948 et ce qui est dans le projet politique – aujourd’hui encore – du dalaï lama : retour au servage, droits des femmes bafoués, enfants arrachés à leur famille et forcés à devenir moines. Voudrais-tu de cela pour des humains, que ce soit ici ou là-bas ? Cela ne signifie pas que la condition des droits de l’homme en Chine soit enviable. Mais il y a peut-être une autre alternative à cette situation que l’impasse qui consisterait à confier le pouvoir à des illuminés mêlant religion et politique et au projet social des plus rétrogrades. A Toulouse il y a une semaine, M. Mélenchon a rappelé que la France ferait entendre sa voix dans le monde pour que cesse « la peine de mort non seulement en Chine mais aussi aux Etats-Unis d’Amérique ». Le candidat du Front de gauche ne se fait pas la voix de la Chine dans un enfantin et simpliste « match » Chine / Tibet. Il nuance et montre que la dénonciation de l’autoritarisme de la Chine ne doit pas pour autant nous faire tomber dans le piège de la défense de dirigeants politico-religieux prônant le retour au féodal. Il existe probablement une issue pacifique plus complexe pour apaiser les tensions dans cette partie du monde. Peu d’adeptes des moines tibétains en exil ont par contre fait part de leur indignation face aux assassinats de Hans au Tibet. Qu’il s’agisse ou non « d’invasion et d’occupation », rien ne justifie les meurtres de simples commerçants, tout comme rien ne justifie une répression sanglante de la part de l’armée chinoise, ce que personne au Front de gauche n’a jamais approuvé.

Seconde raison de ce courroux envers Jean-Luc Mélenchon, l’homme ne « cesse de vanter les mérites politiques d’Hugo Chavez, protecteur de dictateurs antisémites ». Problème, Michel, dimanche dernier sur BFM TV, à l’heure où des millions de travailleurs pauvres dorment dans leur voiture, où le Smic n’est qu’à quelques dizaines d’euros au dessus du seuil de pauvreté, où des enfants, en France, sont enfermés dans des centres de rétention administrative, où la catastrophe écologique menace, les journalistes ont interrogé J-L Mélenchon sur cette question d’une infinie importance. Le candidat a répondu qu’il n’avait pas d’affinités particulières pour Hugo Chavez, que sa sympathie allait plutôt au Président Rafael Correa (Equateur) ou à l’ex Président brésilien Lula Da Silva. Comme il l’avait déjà précisé quelques semaines auparavant sur LCP, c’est précisément à cause de la position de Monsieur Chavez sur l’Iran, que le Front de gauche montrait des réticences à l’égard du Président vénézuélien. Tu peux consulter ces vidéos sur le site de campagne ou encore sur le blog officiel de Jean-Luc Mélenchon. Cependant, la constituante convoquée par Hugo Chavez, ou sa politique sociale qui a éradiqué l’analphabétisme pour la première fois sur le continent, diminué la pauvreté et l’indigence, ou qui vient tout juste d’augmenter le smic de 32 %, sont, à mon humble avis, tout à fait respectables et intéressantes. Ses alliances internationales sont tout à fait gênantes pour une nation universaliste et laïque comme la notre, mais ne mélangeons pas tout, Michel. Chaque nation a sa géopolitique, et l’intérêt historique que représente le processus bolivarien au Venezuela ne signifie pas adhésion aveugle aux propos du Président Chavez ou aux lois de son gouvernement. La France n’a pas besoin de modèle et c’est au contraire sa République qui donna espoir aux peuples voisins. Monsieur Mélenchon surligne les idées intéressantes, dans notre histoire ou autour de nous dans le monde, qui appuient parfois la crédibilité de ses propositions, comme lorsqu’en matière fiscale, il rappelle que le gouvernement américain jusqu’à Reagan, imposait la dernière tranche à plus de 80 %.

Quant à Cuba, M. Mélenchon se refuse à qualifier ce pays de dictature car le seul but des journalistes qui lui posent cette question est de lui faire dire la « petite phrase ». Ce n’est pas sérieux de traiter de telles questions sans débats et sans mises en perspectives. Tout comme il n’est pas sérieux, depuis des salons ou des plateaux de télévision entre « belles personnes », de deviser et d’attribuer des opinions condescendantes sur tel ou tel pays, qu’elles soient positives ou négatives. Comment comparer la cinquième puissance du monde qu’est la France à une petite île sous blocus et soumise à un terrible embargo depuis des décennies ? Monsieur Mélenchon a dit à plusieurs reprises (LCP, RTL…) qu’il faut replacer Cuba dans le contexte de la Caraïbe. Et qu’alors, dans ce contexte géographique et géopolitique, on pourrait parler de Cuba avec sérieux et crédibilité. C’est un avis que je partage entièrement. Personne ne fait l’apologie du gouvernement cubain. Personne ne fait l’apologie, d’ailleurs, de quelque gouvernement que ce soit dans le monde. Hormis les commentateurs et chroniqueurs qui n’ont de cesse, dans les médias, d’encenser le gouvernement conservateur de Madame Angela Merkel, pour ne citer que celui-ci. Mais si l’on se replace dans le contexte caribéen, Michel, je te demande : Haïti est-il une dictature ou une démocratie ? Saint Domingue est-il une dictature ou une démocratie ? Le Honduras, où un coup d’Etat a eu lieu récemment dans le silence le plus total, est-ce une démocratie ? Quelle que soit la nature politique de Cuba, ce pays a été exemplaire lors du séisme dévastateur en Haïti. Cuba est le seul pays à avoir tenu ses promesses humanitaires et à avoir envoyé sur place médecins et secouristes pour aider le peuple haïtien. Sans bruit et sans propagande publicitaire à l’appui. Sans intérêts économiques masqués, sans bruits de bottes, sans détournements de fonds. La nation cubaine a un rôle à part dans cette région du monde et c’est bien pour cela que les gouvernements successifs des Etats-Unis d’Amérique tentent d’abattre le gouvernement de cette île, qui est certainement contestable, mais, Michel, tu as trop voyagé et tu es bien trop érudit pour ne pas voir quelles sont les raisons réelles de cet acharnement. Tu ne crois pas sérieusement qu’un gouvernement Front de gauche décalquerait un quelconque modèle exporté sur notre République ? Qui de plus démocrate qu’un candidat qui propose de convoquer une constituante et de nouvelles élections d’ici un an, et qui se refuse de rentrer dans la folie monarchique de la Vème République en disant de lui-même qu’il ne serait plus Président ? Quel autre candidat se prononce favorable à un régime parlementaire plutôt qu’à cette présidentialisation à outrance actuelle ?

Pour toi, et je me dis qu’on frise ici la malhonnêteté, Mélenchon « épargne le judaïsme et l’islam ». C’est presque risible tant l’ancien sénateur est tatillon et intraitable sur la laïcité. Mais je te conseille de réécouter les propos du candidat dans « On n’est pas couché » il y a un peu plus d’un an lorsqu’il se disait favorable à la loi contre la burqa, ses déclarations claires quant aux prières de rue (de tête, RMC, LCP…) qu’il dénonce et dont il s’étonne que personne ne les empêche alors qu’un simple arrêté suffirait à les interdire du fait même de la circulation routière, tout comme il dénonce les processions catholiques intégristes contre les centres IVG. Il a également déjà expliqué, me semble-t-il, qu’il ne se rendait pas au dîner du CRIF. Au contraire, le candidat du Front de gauche ne fait aucune distinction entre les religions car il et réellement laïque. Ce qu’il refuse, c’est la collusion du politique et du religieux, et a toujours pris, à mon avis, des positions cohérentes et courageuses sur ce sujet.

Enfin, Michel, outre le fait que toutes ces accusations soient mensongères et démenties par les faits et les propos du candidat Mélenchon et le programme partagé qu’il porte (n’est-ce pas cela le plus important ou bien es-tu tombé toi aussi dans la folie de la personnalisation du pouvoir ?), n’y a-t-il pas une urgence sociale dans notre pays et dans le monde, qui appelle à une responsabilité de chacun face à son rôle de citoyen et face au choix que nous devrons faire le 22 avril ? Est-ce digne de se chamailler sur la nature des adjectifs attribués par un tel à tel Président étranger quand des millions de personnes vivent dans la précarité, quand le chômage explose, que la faim dans le monde ne désemplit pas, que le climat se dégrade de plus en plus chaque année et que seul le Front de gauche ose parler de planification écologique ?

Libre à toi d’avoir tes positions politiques et de les rendre publiques. Mais, sachant les affinités idéologiques qui étaient les vôtres, étant donné le soutien qui était le tien au Front de gauche jusque là, n’aurait-il pas été préférable de t’adresser directement à Mélenchon, de philosophe à philosophe, à travers une lettre ouverte, lui faisant part de ton opinion, des tes convictions, de tes inquiétudes, et de lui laisser l’occasion de t’apporter sa vision ? Peut-être aurais-tu évité de tomber dans le panneau de journaux et de médias usant de raccourcis sur la Chine et Cuba pour ressusciter la peur du rouge et de la justice sociale en France ? J’aurais aimé, car j’apprécie ton œuvre et ta rhétorique, lire un échange épistolaire aussi vivifiant, profond et passionnant que celui qui a eu lieu entre Patrick Chamoiseau et Jean-Luc Mélenchon dans l’Humanité Dimanche le mois dernier. C’était le retour de la pensée en politique.

Je suis déçu que tu aies prêté ta plume à un brûlot, au détriment du débat démocratique et philosophique. J’aurais surtout préféré que tes désaccords se fassent sur du concret et sur des divergences réelles, et non pas sur la crédulité en des polémiques fausses et inexactes.

Je n’en demeure pas moins un fidèle lecteur et auditeur assidu de ta contre-histoire de la philosophie.

Bien amicalement,

jeudi 14 juillet 2011

Appel du 14 juillet 2011 : dignité et démocratie en Europe

14 Juillet, le jour de la Fête nationale de la République française. Nous fêtons la Révolution française, 1789, le coup d'envoi de notre France républicaine.
Avec la République, c'est la souveraineté du peuple et l'intérêt général qui sont la valeur suprême.

Comment ne pas s'indigner, aujourd'hui.

S'indigner quand on apprend la disparition de ce soixante-dixième soldat français qui vient de trouver la mort en Afghanistan. Combien de temps encore nos armées seront-elles mêlées à cette guerre américaine dans laquelle nous n'avons rien à faire ? Combien des nôtres vont encore tomber, avant que cesse ce naufrage ? Nous n'avons rien à faire là-bas. Rien à faire avec l'OTAN qui un coup renverse le président afghan légitimement élu car il a le tort d'être socialiste, forme et finance l'insurrection des taliban, et qui quelques années plus tard, lorsqu'il faut défendre la pipeline, chasse ces mêmes taliban du pouvoir pour y placer M. Hamid Karzaï, un piètre tyran, élu par la fraude.
C'est à l'ONU à assurer la transition dans ce pays, à maintenir la paix, le temps que l'Afghanistan retrouve sa souveraineté. Mais il aurait fallu pour cela que les élections qui ont vu la réélection de Karzaï fussent honnêtes et représentatives, afin qu'il bénéficie d'une réelle légitimité populaire...

Il est un Etat qui n'est pas soumis à une occupation militaire étrangère, mais qui n'est pas pour autant souverain. Il s'agit de la Grèce. Ce pays, ce peuple et cette civilisation fondatrice et incontournable en Europe. Ils ont osé l'assiéger, l'attraper à la gorge. Ils ? Nous parlons des banques, des oligarques grecs eux-mêmes, de la Commission européenne ou encore du FMI. Les chiffres économiques de ce pays sont certes dans le rouge, les responsabilités sont diverses et multiples. Mais le bal de vautours autour du peuple grec blessé et amoindri tentant désespérément de se relever est affligeant, révulsant, révoltant. Dans
L'Humanité Dimanche n° 20686 du Jeudi 16 juin 2011, il y a un tableau indiquant le calendrier des privatisations prévues en Grèce. Lors des deux prochaines années, tout va y passer des dernières parts que détenaient l'Etat grec dans des entreprises, ainsi que des services et entreprises jusqu'alors publics ! Les télécoms, la banque postale, les ports (notamment Pirée et Salonique où l'Etat léguera toutes ses parts mais aussi les régionaux), l'eau, le gaz, l'électricité, les chemins de fer, les mines, les aéroports (Hellinikon, Athènes, les aéroports égionaux), les autoroutes, la poste, de multiples sociétés de Défense (quand on vous disait que la Grèce n'était plus un état souverain), les dernières banques que l'Etat possédait, ainsi que les casinos, les paris sportifs, les paris mutuels, la loterie nationale... Et, comme si ce n'était pas déjà suffisamment accablant et humiliant, les Grecs vont voir leur Caisse des dépôts et consignations entièrement privatisée elle aussi ! L'Etat grec est littéralement bradé, ce sont de véritables soldes qui sont organisées au coeur de la Méditerranée, été comme hiver. Comment un peuple peut-il accepter ça ? Comment un peuple peut-il s'organiser pour empêcher cela ? C'est à ce double paradigme que le peuple hellène est confronté : plus c'est terrible plus on est désarmé, ou plus c'est gros plus ça passe pour être plus concret.
Le pire dans toute cette horreur, c'est qu'il ne s'agit pas d'un épiphénomène : en effet, nombreux sont les pays soumis à cette cure d'austérité, partout en Europe. Et nous n'évoquons pas ici les reculs sociaux et économiques consentis par les élus aux marchés : allongement de la durée du travail, de la durée de cotisations, recul du départ d'âge à la retraite, baisse des salaires, baisse du nombre de fonctionnaires, licenciements...
Partout, les mêmes méthodes, rigueur et austérité, sont l'alpha et l'oméga de la Commission européenne et du Fonds Monétaire International.

Comment faire, nous Européens, en France comme en Grèce, en Espagne, en Irlande, au Portugal, en Estonie, en Italie, et partout sur le Vieux Continent, pour prendre le contrôle de nos vies, retrouver la démocratie et par là même notre souveraineté ? Qu'en est-il de l'alternative et d'une politique globale à l'échelle européenne pour rendre aux peuples leur dignité et la juste rémunération de leurs efforts, ainsi que la place qui est la leur dans la démocratie ?

Il y a urgence à créer des rassemblements, des fronts européens pour d'autres politiques, avec la condition humaine pour seul centre de gravité. Face aux fuyards qui à la première tempête voudraient quitter l'Europe, se replier derrière leurs frontières et revenir en arrière, nous pensons au contraire qu'il faut désormais penser le futur et le présent, l'alternative pour vivre autrement, à l'échelle européenne, voire plus, avec nos frères et soeurs grecs, irlandais et portugais.

Les peuples protestent et s'indignent. Que les représentants qu'ils ont élu se fassent leur porte-voix. Ce sont les banques qui doivent être à notre service, pas l'inverse.

Ils nous ont déjà trop dépecés, ce sont de nouvelles sociétés qui sont à réinventer.
Dans chaque pays, les peuples réclament désormais une constituante. De l'Equateur à l'Islande, de la Bolivie à la Tunisie. En France, cette revendication est portée par des candidats à la présidentielle.
Il faut redistribuer les cartes. Les peuples ont assez souffert. L'intelligence en politique n'est que collective. Donnez-nous la parole.