jeudi 14 juillet 2011

Appel du 14 juillet 2011 : dignité et démocratie en Europe

14 Juillet, le jour de la Fête nationale de la République française. Nous fêtons la Révolution française, 1789, le coup d'envoi de notre France républicaine.
Avec la République, c'est la souveraineté du peuple et l'intérêt général qui sont la valeur suprême.

Comment ne pas s'indigner, aujourd'hui.

S'indigner quand on apprend la disparition de ce soixante-dixième soldat français qui vient de trouver la mort en Afghanistan. Combien de temps encore nos armées seront-elles mêlées à cette guerre américaine dans laquelle nous n'avons rien à faire ? Combien des nôtres vont encore tomber, avant que cesse ce naufrage ? Nous n'avons rien à faire là-bas. Rien à faire avec l'OTAN qui un coup renverse le président afghan légitimement élu car il a le tort d'être socialiste, forme et finance l'insurrection des taliban, et qui quelques années plus tard, lorsqu'il faut défendre la pipeline, chasse ces mêmes taliban du pouvoir pour y placer M. Hamid Karzaï, un piètre tyran, élu par la fraude.
C'est à l'ONU à assurer la transition dans ce pays, à maintenir la paix, le temps que l'Afghanistan retrouve sa souveraineté. Mais il aurait fallu pour cela que les élections qui ont vu la réélection de Karzaï fussent honnêtes et représentatives, afin qu'il bénéficie d'une réelle légitimité populaire...

Il est un Etat qui n'est pas soumis à une occupation militaire étrangère, mais qui n'est pas pour autant souverain. Il s'agit de la Grèce. Ce pays, ce peuple et cette civilisation fondatrice et incontournable en Europe. Ils ont osé l'assiéger, l'attraper à la gorge. Ils ? Nous parlons des banques, des oligarques grecs eux-mêmes, de la Commission européenne ou encore du FMI. Les chiffres économiques de ce pays sont certes dans le rouge, les responsabilités sont diverses et multiples. Mais le bal de vautours autour du peuple grec blessé et amoindri tentant désespérément de se relever est affligeant, révulsant, révoltant. Dans
L'Humanité Dimanche n° 20686 du Jeudi 16 juin 2011, il y a un tableau indiquant le calendrier des privatisations prévues en Grèce. Lors des deux prochaines années, tout va y passer des dernières parts que détenaient l'Etat grec dans des entreprises, ainsi que des services et entreprises jusqu'alors publics ! Les télécoms, la banque postale, les ports (notamment Pirée et Salonique où l'Etat léguera toutes ses parts mais aussi les régionaux), l'eau, le gaz, l'électricité, les chemins de fer, les mines, les aéroports (Hellinikon, Athènes, les aéroports égionaux), les autoroutes, la poste, de multiples sociétés de Défense (quand on vous disait que la Grèce n'était plus un état souverain), les dernières banques que l'Etat possédait, ainsi que les casinos, les paris sportifs, les paris mutuels, la loterie nationale... Et, comme si ce n'était pas déjà suffisamment accablant et humiliant, les Grecs vont voir leur Caisse des dépôts et consignations entièrement privatisée elle aussi ! L'Etat grec est littéralement bradé, ce sont de véritables soldes qui sont organisées au coeur de la Méditerranée, été comme hiver. Comment un peuple peut-il accepter ça ? Comment un peuple peut-il s'organiser pour empêcher cela ? C'est à ce double paradigme que le peuple hellène est confronté : plus c'est terrible plus on est désarmé, ou plus c'est gros plus ça passe pour être plus concret.
Le pire dans toute cette horreur, c'est qu'il ne s'agit pas d'un épiphénomène : en effet, nombreux sont les pays soumis à cette cure d'austérité, partout en Europe. Et nous n'évoquons pas ici les reculs sociaux et économiques consentis par les élus aux marchés : allongement de la durée du travail, de la durée de cotisations, recul du départ d'âge à la retraite, baisse des salaires, baisse du nombre de fonctionnaires, licenciements...
Partout, les mêmes méthodes, rigueur et austérité, sont l'alpha et l'oméga de la Commission européenne et du Fonds Monétaire International.

Comment faire, nous Européens, en France comme en Grèce, en Espagne, en Irlande, au Portugal, en Estonie, en Italie, et partout sur le Vieux Continent, pour prendre le contrôle de nos vies, retrouver la démocratie et par là même notre souveraineté ? Qu'en est-il de l'alternative et d'une politique globale à l'échelle européenne pour rendre aux peuples leur dignité et la juste rémunération de leurs efforts, ainsi que la place qui est la leur dans la démocratie ?

Il y a urgence à créer des rassemblements, des fronts européens pour d'autres politiques, avec la condition humaine pour seul centre de gravité. Face aux fuyards qui à la première tempête voudraient quitter l'Europe, se replier derrière leurs frontières et revenir en arrière, nous pensons au contraire qu'il faut désormais penser le futur et le présent, l'alternative pour vivre autrement, à l'échelle européenne, voire plus, avec nos frères et soeurs grecs, irlandais et portugais.

Les peuples protestent et s'indignent. Que les représentants qu'ils ont élu se fassent leur porte-voix. Ce sont les banques qui doivent être à notre service, pas l'inverse.

Ils nous ont déjà trop dépecés, ce sont de nouvelles sociétés qui sont à réinventer.
Dans chaque pays, les peuples réclament désormais une constituante. De l'Equateur à l'Islande, de la Bolivie à la Tunisie. En France, cette revendication est portée par des candidats à la présidentielle.
Il faut redistribuer les cartes. Les peuples ont assez souffert. L'intelligence en politique n'est que collective. Donnez-nous la parole.